Le sommeil perturbé est l‘un des symptômes les plus fréquents et les plus handicapants du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Après un choc émotionnel, beaucoup de personnes se retrouvent confrontées à des nuits agitées, entre cauchemars, réveils brutaux ou difficultés d’endormissement.
Mais pourquoi le psychotraumatisme impacte-t-il autant le sommeil ?
Le TSPT s’exprime à travers quatre grandes familles de symptômes, toutes ayant un impact direct ou indirect sur la qualité du sommeil.
Les réviviscences : cauchemars et sommeil perturbé
Après un vécu traumatique, nous pouvons voir apparaître des souvenirs intrusifs, des ruminations envahissantes, des flashbacks, des rêves répétitifs et dans certains cas, des cauchemars. D’un côté, les reviviscences peuvent être déclenchées par des rappels traumatiques, c’est-à-dire la présence de stimuli rappelant l’événement traumatique vécu. De l’autre côté, nous savons que les réviviscences sont davantage déclenchées lorsque la vigilance de l’individu est moindre, notamment en phase d’endormissement.
Exemple de Monsieur Thomas
Monsieur THOMAS, 25 ans, a eu un accident de voiture en tant que passager quelques mois plus tôt. Le conducteur, un ami de longue date avait bu avant de prendre le volant. Au bout de quelques minutes de route, cet ami perd le contrôle du véhicule, provoquant une sortie de route en pleine campagne.
Depuis, le simple fait de monter dans une voiture ou de sentir l’odeur de l’alcool peut suffire à réactiver le souvenir traumatique.
La présence de cet ami responsable de l’accident, la présence d’alcool et/ou sa consommation, les routes de campagne, les voitures et même parfois le fait de rouler peuvent également être des rappels traumatiques.
Par la suite, ce patient peut développer une phobie spécifique – dans ce cas, la phobie de la voiture / phobie de la conduite que nous verrons dans un prochain article.
L’évitement des rappels traumatiques
L’évitement est un mécanisme de défense puissant. L’individu tente de fuir tout ce qui lui rappelle le traumatisme : pensées, conversations, lieux, objets, activités…
Exemple de Monsieur THOMAS
Il évite de rouler sur les routes de campagne ; refuse de parler de l’accident et redoute l’idée de dormir car ses cauchemars lui rappellent l’événement. En conséquence, il développe une insomnie liée à ce traumatisme.
Hypervigilance et insomnie : un corps en alerte la nuit
L’individu ayant vécu une expérience traumatique se retrouve en hypervigilance au danger, qui peut être contextuelle ou permanente en fonction des individus. Cette hypervigilance au danger est caractéristique du psychotraumatisme : irritabilité, réactions de sursaut, colère, troubles de l’attention… Le corps est constamment en alerte, ce qui implique des troubles du sommeil se manifestant par un sommeil agité, des difficultés à s’endormir ou à rester endormi.
Exemple de Monsieur THOMAS :
Il sursaute au moindre bruit de moteur, reste tendu même chez lui et met des heures à s’endormir. Son sommeil est fragmenté, agité.
Résultat : les nuits sont courtes, peu réparatrices, et il se réveille épuisé.
Pensées négatives et troubles du sommeil
Tous les symptômes précédemment cités peuvent donc avoir un impact sur l’humeur de l’individu, en déclenchant des croyances négatives et/ou un état émotionnel négatif, une diminution des activités, un repli sur soi et même un sentiment d’avoir un avenir bouché.
Du côté cognitif, nous remarquons des troubles de la mémoire par l’apparition de mémoire traumatique, d’amnésie dissociative ou de dissociation traumatique. Si vous souhaitez plus d’informations sur la dissociation d’origine traumatique, vous trouverez 4 astuces pour gérer la dissociation traumatique.
Conclusion : comment le psychotraumatisme alimente le sommeil perturbé
Le psychotraumatisme ne s’arrête pas à la journée : il s’invite dans les nuits, transformant le sommeil en un terrain d’angoisse.
Les cauchemars, l’évitement, l’hypervigilance et les pensées négatives interagissent pour créer un cercle vicieux : moins la personne dort, plus elle est fatiguée… ce qui amplifie les symptômes du trouble de stress post-traumatique.
Bien que ce processus soit fréquent, il n’est pas une fatalité. Avec un accompagnement thérapeutique adapté, il est possible de retrouver progressivement un sommeil apaisé et réparateur.
