L’anxiété et la dissociation sont deux phénomènes psychiques souvent liés, mais mal compris. Beaucoup de personnes décrivent cette sensation étrange de « ne plus être vraiment là » en pleine montée d’angoisse – comme si leur esprit s’éloignait pour les protéger d’un trop plein émotionnel.
Mais que ce passe-t-il réellement dans notre cerveau ? Et pourquoi ces mécanismes se déclenchent-ils ensemble ?
1. Comprendre le stress et l’anxiété
Avant d’aborder le lien entre anxiété et dissociation, il est important de comprendre ce qu’est l’anxiété elle-même.
a. Différence entre stress et anxiété
Le stress et l’anxiété sont deux mécanismes d’alerte essentiels au bon fonctionnement de notre organisme. Le rôle principal ? Nous signaler un danger et nous préparer à y faire face.
Le stress, en soi, est une réaction normale et adaptative : il apparaît face à une situation concrète, identifiable, et disparaît une fois celle-ci terminée.
L’anxiété, en revanche, est un stress amplifié, plus diffus, qui ne correspond pas toujours à une menace réelle. Elle se nourrit souvent d’anticipation et de scénarios catastrophiques – un biais cognitif courant chez les personnes anxieuses.
Exemple
Monsieur Thomas ressent une angoisse intense avant de prendre la parole en public. Il imagine tous les scénarios possibles où il pourrait rater son intervention. Pourtant, aucun danger réel n’est présent : c’est son anxiété qui prend le dessus.
Là où le stress nous aide à agir, l’anxiété finit par nous épuiser, car elle maintient le corps dans un état d’alerte quasi permanent.
2. Comprendre la dissociation
La dissociation est un mécanisme de défense mis en place par le cerveau pour protéger la personne d’une souffrance émotionnelle trop intense. Elle peut se manifester par une impression de déconnexion du corps, de son environnement ou du moment présent.
C’est une réaction automatique du cerveau face à un stress aigu ou traumatique. Il s’agit, en quelque sorte, d’un coup de circuit émotionnel : le cerveau tire la prise pour éviter une surcharge.
a. Dissociation : un phénomène du normal au pathologique
Tout le monde peut expérimenter une forme légère de dissociation – comme lorsqu’on rêvasse ou conduit sur un trajet habituel sans se rendre compte des détails.
Mais lorsque ce mécanisme devient fréquent, incontrôlable ou lié à un événement traumatique, on parle alors de dissociation traumatique.
Cette forme plus sévère peut inclure :
- Des épisodes de dépersonnalisation (se sentir détaché de soi)
- Des épisodes de déréalisation (avoir l’impression que le monde est irréel)
- Une amnésie dissociative (une perturbation de la mémoire totale ou partielle)
- Une altération de l’identité
Exemple
avant un événement professionnel, Monsieur Thomas décrit la sensation d’être dans une bulle, d’entendre sans vraiment écouter, comme spectateur de la Seine. Cette forme de dissociation lui permet d’atténuer le stress ressenti.
3. Le lien entre anxiété et dissociation
a. Quand le stress dépasse les capacités d’adaptation
Lorsque l’anxiété devient trop intense, le cerveau active en continu le système de stress (amygdale, adrénaline, cortisol). À force de surchauffe, il cherche une issue pour éviter l’effondrement émotionnel : c’est à ce moment que la dissociation peut intervenir.
🧠 C’est un peu comme si le cerveau “débranche la prise” pour ne plus ressentir cette détresse émotionnelle.
La dissociation devient alors un mécanisme de protection face à la détresse, l’impuissance ou la peur. Elle agit comme un anesthésiant émotionnel temporaire.
4. Que faire en cas de dissociation ?
La première étape consiste à reconnaître les signes : sensation d’irréalité, impression d’être détaché de soi, pertes de mémoire ponctuelles…
Ensuite, il est essentiel de travailler sur la régulation émotionnelle et sur la réduction du stress et de l’anxiété, notamment à travers :
- la respiration et les ancrages sensoriels,
- la psychothérapie (approche intégrative, TCC, thérapie des traumatismes),
- ou encore des pratiques corporelles (yoga, relaxation, pleine conscience).
👉 Pour aller plus loin, découvrez mon article : “4 astuces pour gérer la dissociation traumatique.”
5. Conclusion : se reconnecter à soi
L’anxiété et la dissociation sont intimement liées — elles traduisent toutes deux un déséquilibre entre le corps, les émotions et le mental.
La dissociation n’est pas une faiblesse, mais un système de survie mis en place par le cerveau face à un stress trop fort.
Le travail thérapeutique vise à reconnecter la personne à ses sensations, au moment présent et à son corps, dans un cadre sécurisant.
